O
B A C K G R O U N D ;; O
HISTOIRE DU PERSONNAGE:
"C'est le temps seul qui révèle l'homme juste ; un seul jour dévoile le perfide." --------------------------------------------------------------------------- [Sophocle in Œdipe Roi]
Ksenia. Etrangère. Voilà comment je fus reçue par la matriarche paternelle. Un jour de mai à St-Petersbourg, il y a de cela vingt-six ans. Etrangère. Tout cela dut à la couleur de mes prunelles d'un brun noisette en lieu et place du bleu glacé qui caractérisait plus de quatre générations de Matveiev. Mon père avait eu le bon goût de mélanger son ADN à celui d'une Irlandaise venue rejoindre une prestigieuse école de danse. Et pourtant elle n'avait pas eut excessivement tord l'arrière-grand-mère. Lorsqu'à l'âge de cinq ans, la carrière de danseuse de ma génitrice mise au placard, mon père dans sa bonté d'âme quitta sa Russie natale pour venir s'établir dans une citée irlandaise du nom de River Crow. Là, j'étais effectivement devenue l'étrangère. Ma mère rentrait au pays avec un homme qui ne baragouinait que quelques mots de la langue de Shakespeare et une gamine qui n'avait rien demandé et n'avait certainement pas souhaité être déracinée de son chez elle, de ses habitudes.
Je n'avais beau avoir que cinq ans à l'époque je savais, je pressentait que cet endroit serait la ruine de notre famille. Et quand je dis famille je parle essentiellement de mon père et moi. Elle, je pouvais sentir que je la dérangeais, mais elle aussi m'insupportait. Sans cesse en train de tenter de m'éloigner de mon père, me refourguant tantôt à une grand-mère que je ne connaissais pas et que je n'aimais pas, tantôt à une tante qui m'attirait la même sympathie à son égard. Ma mère avait fait de ma vie de princesse russe, un enfer en nous amenant vivre ici, pour cela je sais que je n'aurais plus jamais aucune estime pour elle.
C'est elle qui a tué mon père ! Cette garce qui ne voulait plus retourner en Russie, soit disant que le pays lui rappelait trop douloureusement ses années de gloire désormais terminée. Mais elle l'empêchait aussi de retourner seul là bas. Mon père était un homme bon, droit, loyal et malgré le mal qui le rongeait de ne revoir sa famille il restait auprès de celle qu'il aimait. En grandissant je l'ai vu se dégrader, sombrer dans la spirale de l'alcoolisme, ses idées noires prenant le pas sur cette joie de vivre que j'aimais tant en lui. Petit à petit, j'ai vu mon père disparaître jusqu'au jour ou il a définitivement disparu six pieds sous terre, un bloc de granit gravé par-dessus le tout, comme pour l'empêcher de nous rejoindre un jour.
Moi qui pensais que ma vie jusqu'ici était un cauchemar… les deux années suivant la mort de mon père furent les pires, pour elle. Je fis tout ce qui était possible pour une gamine de dix ans, pour lui pourrir l'existence. Elle m'avait volé celui qui m'aimait et qui pour moi était le plus important, il fallait qu'elle en paie de prix. Je volais, je cassais, j'insultais, je fuguais, jusqu'au jour où elle pris sans doute la décisions qui allait tout ou tard signer son arrêt de mort, et ma délivrance.
"La jeunesse grandit dans un domaine qui n'est qu'à elle, où ni l'ardeur du ciel, ni la pluie, ni les vents ne viennent l'émouvoir." --------------------------------------------------------------- [Sophocle in Œdipe Roi]
Ma mère m'avait vendue. Je n'étais désormais qu'une marchandise, une monnaie d'échange pour quelque chose qui à l'époque me dépassait totalement et donc je n'avais absolument pas conscience. Ma mère m'avait vendue à Léandre de Liancourt contre l'espoir de recevoir l'éternité. Quelle imbécile. A l'époque je ne comprenais pas, aujourd'hui je ne peux que m'amuser du pathétique de la situation. Une mère qui se voit vieillir et refuse de l'accepter offre sa fille à celui qui possède le moyen de stopper les ravages du temps sur son physique. Mais les ravages étaient déjà fait, et j'en était la responsable, elle avait beau se débarrasser de moi, cela ne lui enlèverait rien aux rides qui cernaient son cœur tout comme le contour de ses yeux. Je n'ai jamais su que Léandre ne lui avait pas accordé cela, je ne l'ai appris que bien plus tard et j'en étais tout simplement ravie lorsque je la revis bien des années plus tard, mais ne sautons pas d'étapes, chaque chose en son temps.
J'étais désormais dans ce qui serait mon nouveau chez moi, je ne savais pas trop à quoi m'attendre ou de quoi me méfier mais une environnement duquel ma génitrice était totalement absente ne pouvait être que bénéfique pour moi. Ce fut le cas, je découvris que bon nombres d'enfants d'âges bien divers résidaient au manoir et je fus bientôt confronté sans m'en rendre compte à un choix à faire. Être de ceux qui étaient effrayé et ne souhaitaient qu'une chose, rentrer chez eux. Ou me faire aux habitudes du lieu et ses habitants. N'ayant aucune envie de retrouver ma mère et les siens au dehors, n'étant pas de nature craintive, je choisis naturellement le fait de profiter de cette sorte de nouveau départ. J'étais une nouvelle fois l'étrangère mais je ne le resterai pas longtemps, j'étais bien décidée à me faire une place et devenir quelqu'un.
"Pour agir avec prudence, il faut savoir écouter." ------------------------------------ [Sophocle in Œdipe Roi]
Je n'ai passé que quelques jours seule dans le manoir, enfin quand je dis seule c'est surtout pour dire sans lui. Mon mentor, celui qui allait tout m'apprendre, m'aider à grandir, à devenir celle que je suis aujourd'hui. Chaque enfants avait un adulte qui le prenait sous son aile, une sorte de parents de substitution en quelque sorte, mais contrairement à ma mère qui m'avait offerte et s'était désormais débarrassée de moi. Lui m'avait choisie. Il avait souhaiter devenir mon mentor, il avait décidé de prendre cette responsabilité et je me sentait à nouveau désirée affectivement comme mon père avait pu vouloir de moi et m'avait aimée. Je n'ai pas mis beaucoup de temps avant de comprendre qui était les adultes du manoir et mon mentor n'a jamais été du genre à me cacher des choses, il voulait que je sois toujours franche avec lui, alors il avait décidé de faire de même avec moi.
Je l'écoutais, j'étais passionnée par les histoires qu'il pouvait me raconter, cet homme qui n'avait beau ne pas paraître plus d'une bonne trentaine d'année, avait pourtant vécu plus de cent ans déjà. Pour la gamine que j'étais c'était tout simplement magique et fascinant, je l'écoutais, je posais des questions auxquelles il répondait ou me disait qu'il n'était pas encore temps pour moi de tout savoir. Je grandissais, j'apprenais, il était devenu à la fois une sorte de père de substitution dans les règles qu'il me fixait, tout comme un ami qui m'écoutait et ne faisait pas semblant de s'intéresser à ce que je pouvais dire ou ressentir, mais il était surtout celui qui me protégeait, qui veillait sur moi et qui avait fait de moi la petite princesse choyée que j'avais été il y a bien longtemps. Je retrouvais ce sentiment de pouvoir que j'avais eu petite et que j'aimais.
Bien sur plus je grandissais plus je me suis affirmée dans mon caractère déjà bien trempé, capricieuse et charmeuse, j'étais loin d'être stupide et l'ayant bien compris il m'a enseigner ma matière préférée : la manipulation.
"Un bien acquis par fraude ne profite jamais longtemps." ----------------------------------------------- [Sophocle in Œdipe Roi]
Le vol ce n'est pas bien, et pourtant c'est tellement amusant de voler quelqu'un sans qu'il ne s'en doute, mais ce qui est encore mieux c'est de manipuler les gens pour qu'ils fassent ce que l'on souhaite. Mon avantage ? Et bien disons qu'en grandissant je suis devenue encore plus belle que je n'avais pu l'être étant gamine, j'avais dix-sept ans et m'amuser à arnaquer mes petits camarades ne m'amusait plus vraiment. Il me fallait du challenge, de la difficulté, quoi de plus difficile que de berner un adulte, enfin surtout quand celui-ci s'avère être un vampire qui peut se permettre de s'immiscer dans vos pensées à tout moment. Le jeu n'en est que plus dangereux, et donc par conséquent plus excitant.
Mon mentor ne m'a jamais vraiment pousser à voler ou à arnaquer les autres, mais il faut dire que m'apprendre l'art de la manipulation n'aurait pas du faire partie de ses enseignement, je devenais vraiment douée et qui sait peut être un jour l'élève dépasserait le maître. Je me souviens d'un "vol" en particulier, ma plus grande réussite, et surtout celle qui m'attira la plus grande reconnaissance de la part de mon mentor. Je l'avais vu revenir d'une partie de poker, dans un état plutôt désagréable, ce qui n'était pourtant pas très loin de sa nature mais à ce point là, j'avais tout de même tenter de savoir ce qu'il s'était passé. Il s'avérait qu'il avait perdu, certes l'argent n'était pas tout mais joueur comme il l'était il avait tenter le tout pour le tout et misé la chevalière hérité de père en fils dans sa famille. Il s'en voulait d'avoir été aussi stupide et l'affection que j'avais pour lui me poussa à faire ma première vraie manipulation sur un adulte autre que lui lorsque je m'entrainais.
Après avoir attendu quelques semaine que cette histoire sorte de l'esprit de mon mentor, mais surtout de celui qui avait gagner la dite chevalière, je m'apprêtais à entrer en scène, mon air angélique et charmeur ne mis pas très longtemps avant de faire son effet et après quelques sourires enjôleurs je repartais vers ma chambre, la chevalière en ma possession sans que le dit possesseur ne le remarque. En y repensant aujourd'hui, je ne sais pas si j'avais vraiment réussi à le berner ou s'il m'avait laisser faire, amusé par mon audace. Toujours est-il que pour moi, j'avais réussi à berner un adulte, un immortel et surtout je pouvais faire plaisir à mon mentor en lui ramenant son bien. Je savais que ma beauté et ma manière de jouer les naïves écervelées me servirait, mais je n'avais pas imaginé à quel point j'y prendrais goût.
"Rendre service de tout son pouvoir, de toutes ses forces, il n'est pas de plus noble tâche sur la terre." ---------------------------- [Sophocle in Œdipe Roi]
Rien de ce qui concernait les habitudes de vie d'un vampire ne m'avait échappée en plus de huit ans de cohabitation avec ces êtres. Mon mentor n'avait pourtant jamais fait étalage de ses mœurs devant l'enfant que j'étais et même si j'avais changée, grandis, était désormais une jeune femme majeure il me considérait toujours comme sa petite protégée. Dix huit ans, il est clair que pour lui ce n'était rien face à cette centaine d'année bien entamée qu'il possédait, et pourtant je voulais qu'il reconnaisse le fait que je ne sois plus une enfant, que j'étais libre de mes choix et dieu sait si je savais ce que je voulais. Devenir l'une des leur, rester au manoir, continuer de vivre cette vie avec mon mentor que je ne pourrai jamais quitter tant je l'aimais.
Lorsque je lui ai fait part de mon choix, il a refusé net, prétextant que c'était la fougue de ma jeunesse qui parlait et qu'il ne pourrait pas être capable de le faire même s'il souhaitait plus que tout que je reste à ses côtés. Il me fit attendre encore quelques années, trois pour être exacte. Mais le fait de savoir que j'étais si importante à ses yeux me le faisait voir d'un autre œil, peut être était-ce parce que j'étais une jeune femme désormais que je ne le voyait plus uniquement comme le confident et protecteur qu'il avait toujours été pour moi. Je l'aimais. Bien sur à mon arrivée je l'aimais comme j'avais pu aimé mon père, puis comme l'ami et enseignant qu'il était pour moi, et aujourd'hui je devais me rendre à cette évidence, je l'aimais comme une femme peut aimer un homme, qu'il soit vampire ou non n'y changeait rien, qu'il accepte de me transformer ou non pour l'instant je savais que je resterais avec lui.
Ce fut quelques semaines avant mes vingt-deux ans qu'il me fit enfin ce cadeau, et m'offrit l'immortalité. Bien qu'ayant eu le temps de me faire à cette idée, et le désirant de tout mon être, j'étais tout de même effrayée bien que cela ne me ressemble pas. Mais après tout, tout ceux qui sont passé par cela ont du ressentir cette ultime hésitation. La mienne s'envola rapidement quand dans mon esprit je mis en parallèle une vie de mortelle avec une famille désormais inexistante et ne voulant plus de moi, et l'immortalité avec celui qui avait toujours été à mes côtés depuis tant d'années.
"Rien n'est blessant comme un reproche injuste." ------------------------------------ [Sophocle in Œdipe Roi]
Qui aurait pu penser que je me fasse aussi vite à ma nouvelle vie ? Même si j'en rêvais et que j'avais enfin pu obtenir ce que je souhaitais, être une vampire de plus dans la grande et somptueuse famille que créait Léandre de Liancourt, je pensais qu'il me faudrait plus de temps pour être la nouvelle Ksenia. Détrompez-vous, je n'ai pas beaucoup changée, et si j'ai changée ce n'est pas forcément en mieux, enfin pour le commun des mortel en tous les cas. Le sang, quel délice, il m'a à nouveau tout appris, comment me nourrir, comment attaquer mes proie et ne pas se faire trop facilement repérer. J'étais à nouveau son élève, il agissait à nouveau comme un père, sauf que cette fois je ne le vivais pas aussi bien que la première fois. Il était l'homme que j'aimais et non plus ce substitut de figure paternelle qu'il me fallait respecter et qu'il ne fallait pas aimer d'une autre manière que platoniquement.
J'étais devenue une femme, je plaisais à bien des hommes et c'est d'ailleurs de cette manière que j'attrapais mes proies le plus facilement, qui se méfie d'une superbe créature bonde qui joue les écervelées ? Et bien je peux vous répondre que beaucoup d'hommes sont bien trop naïfs et en ont payé le prix fort. Oui je n'en suis qu'à mes débuts, je ne suis pas encore très douée pour me nourrir sans tuer ma proie, le sang m'enivre et je ne sais pas m'arrêter, chacun ses petites faiblesses non ?
Cependant la seule proie que je n'arrivais pas à attraper dans mes filets était mon mentor, celui pour qui je serais capable du meilleur comme du pire s'il me le demandait. Je suis bien consciente que cela s'appelle de la possessivité ou de la jalousie mais c'est plus fort que moi, et depuis que je suis adulte je serait capable de tout pour que je reste sa seule et unique protégée, je ne peux pas imaginer qu'un autre enfant puisse vivre ce que j'ai vécu, pas avec lui. Il est à moi.
Je suis adulte, je sais comment se passe les relations entre adultes et si je n'étais pas déjà morte j'en crèverais de savoir qu'il y a d'autres femmes dans sa vie. Il me dit que je suis la seule qui compte et pourtant, pourtant le geste le plus tendre que j'ai pu partager avec lui se résume à un chaste baiser, quand je pense à ce que j'ai pu faire de bien moins catholique avec d'autres hommes. Je veux être la seule qui compte dans tous les domaines, et je pensais pouvoir l'être, je pensais qu'il était sincère comme il l'avait toujours été avec moi depuis toutes ces années. Mais il m'a trahit, il avait beau dire, je l'ai suivi et j'ai vu qu'il y avait une mortelle de River Crow qui lui offrait du plaisir et de l'affection. La colère et la tristesse que j'ai pu ressentir à cet instant n'ont certainement pas de mesure quantifiable tant j'étais hors de moi. Le lendemain, la jolie blonde était découverte morte dans une ruelle de la cité et je m'enfuis, à la fois coupable de ma jalousie et effrayée par la réaction de celui qui était tout pour moi.
"Mieux vaut cent fois n'être pas né ; mais s'il nous faut voir le jour, le moindre mal est de s'en retourner là d'où l'on vient." -------------------------------------------- [Sophocle in Œdipe Roi]
Il m'a fallut un peu plus d'un an d'errance avant d'avoir le courage de revenir à River Crow. Je sais bien que jamais je n'aurai du partir comme cela mais je n'avais pas le choix et sur le moment c'était la solution qui me paraissait la plus sensée. Je souhaite rentrer à la maison, espérant que Léandre me pardonne cette fugue de ce chez nous dans lequel il m'a accueilli il y a de cela seize ans, mais surtout je vais devoir me confronter à lui, lui que j'ai fuis et qui pourtant était présent à chaque seconde tant je ne pouvais m'empêcher de penser à lui. Mon mentor, mon amour, me pardonneras-tu ma conduite si futile et égoïste ?
J'ai décidé de revenir et comme un cadeau de bienvenue, c'est le visage ravagé par l'attente de cette éternité qui ne viendrait jamais, de ma génitrice que j'aperçu sortant d'une maison qui fut la notre il y a bien longtemps. Le sourire que se dessinait sur mon visage devait ressembler au croissant de lune qui brillait au dessus de nos tête, elle était là, seule, sans défenses et moi, sa progéniture, avide de vengeance et de hargne j'étais si proche. Je sais qu'elle m'a reconnue avant que je ne pénètre dans son esprit pour lui montrer ce que j'étais devenue grâce à elle, grâce à cette idée lumineuse qu'elle avait eu un jour de m'offrir à Léandre. Je voulais la remercier, à ma façon et n'ayant pas mangé depuis deux jours, elle tombait à point nommé. Elle l'avait son éternité désormais, une éternité à partager avec des verres jusqu'à ce que sa chaire ne soit plus qu'un lointain souvenir sous le sol.
Texte ici Texte ixi Texte ici Texte ici Texte ici Texte ici Texte ici Texte ici Texte ici Texte ici Texte ici Texte ixi Texte ici Texte ici Texte ;; |